En toile de fond de la dérégulation mondiale des marchés du travail nationaux, les multinationales telles que Nestlé ont réalisé, ces dernières années, des profits énormes en s’appuyant sur des compressions de personnel, la délocalisation des productions, la transformation de contrats de travail à durée indéterminée en contrats de travail temporaires et la mise sur la touche des syndicats. En 10 ans, Nestlé a augmenté son bénéfice net de 156 %, celui-ci passant de 3,5 milliards de francs suisses en 1996 à 9,1 milliards en 2006. Au cours de la même période, ses effectifs n’ont augmenté que de 20 %, passant de 221 000 à 256 000 employés.
« Tous contre tous » et poussée des contrats de travail précaires
Nestlé a un programme à l’échelle de l’entreprise, qu’elle a baptisé « Opération Excellence ». Il s’agit d’optimiser la productivité et les bénéfices par le biais de la concurrence : les employés de chaque unité sont mis en concurrence avec leurs collègues des unités suisses et internationales. Les unités de production qui ne tiennent pas la cadence sont passibles de restructuration, voire de fermeture. En réduisant le nombre de contrats de travail à durée indéterminée, qu’elle remplace par des contrats temporaires, Nestlé aiguillonne la concurrence entre des employés qui remplissent la même tâche sur le même site : en effet, les employés à contrats temporaires ne sont embauchés ni aux même conditions ni avec les mêmes performances que ceux qui ont des contrats classiques.
Rapports avec les syndicats
« Partout où il y a des syndicats, Nestlé essaie systématiquement de les affaiblir. Externalisation et précarisation sont les deux instruments essentiels aux directions des entreprises pour essayer d’affaiblir la position des syndicats au sein de l’entreprise », dit Peter Rossman du syndicat international des travailleurs de l’alimentation UITA. Nestlé n’a toujours pas reconnu l’UITA comme partenaire de négociations au niveau global. En Europe, c’est la Constitution de l’UE qui limite la reconnaissance de l’UITA par Nestlé à un comité d’entreprise européen. En d’autres termes, alors que la direction de la multinationale Nestlé à Vevey s’arroge le droit de prendre toute décision importante, qui touche à la vie des collaborateurs de l’entreprise dans le monde entier, elle refuse toute responsabilité en ce qui concerne les rapports de travail.